Symposium : Quand l’enfance traumatique imprime son sceau sur la psychopathologie à l’âge adulte
Président : Jean–Christophe SEZNEC – Paris
Il est rapporté qu’¼ de filles et 1/8 de garçons sont victimes de violences sexuelles avant leurs 18 ans et qu’1/20ème des enfants sont victimes de violences physiques chaque année. Au-delà du fait que l’ensemble des autorités de santé s’accordent pour dire que la grande majorité des cas de maltraitance et de négligence envers des enfants ne sont pas signalés et donc que ces taux sont sous-estimés, ces fractions cachent des conséquences majeures à différents niveaux à l’âge adulte. Les sceaux qui s’impriment révèlent alors des caractères multiples.
2,78 ; 11,50. Des décimales pour des facteurs de risques robustes.
Du fait de l’importante contribution des facteurs génétiques et environnementaux aux risques de troubles psychiatriques tels que le trouble bipolaire, la schizophrénie, la dépression majeure et le SSPT (Syndrome de Stress Post Traumatique), il n’est donc pas étonnant que des évènements traumatiques durant l’enfance puissent y être liés. Ainsi les études montrent que les événements traumatisants de l’enfance représentent un risque variant de 2,78 à 11,50 de développer un trouble psychotique ou des symptômes psychotiques chez les adultes (Varese et al., 2012).
Parmi les troubles psychiatriques liés aux traumatismes de l’enfance, des corrélations entre l’exposition à un traumatisme et les troubles de l’alimentation ont également été démontrées. Les traumatismes dans l’enfance constituant à la fois un facteur de risque et de maintien de la pathologie (Hicks White, Pratt, & Cottrill, 2018).
Au-delà des chiffres.
S’il est établi que les traumatismes subis dans l’enfance sont associés à un risque accru de troubles psychiatriques, d’autres troubles médicaux peuvent également être engendrés. Ainsi il a été prouvé que la maltraitance dans l’enfance engendrait un risque accru à l’âge adulte de cardiopathie ischémique, de cancer, de pneumopathie chronique, de maladies auto-immunes, de troubles gastro-intestinaux et de douleurs pelviennes chroniques. Et au-delà des chiffres, au-delà de l’empreinte laissée dans tous les niveaux présentés, des questions subsistent :
Des traitements préventifs à l’enfance lors de maltraitances pourraient-ils renverser la tendance ?
Les conséquences fonctionnelles et endocriniennes sont-elles réversibles avec un traitement ?
Les réponses semblent particulièrement difficiles à trouver en sachant que les patients souffrant d’antécédents de traumatismes dans l’enfance présentent une réponse beaucoup plus médiocre à la psychothérapie et à la pharmacothérapie.