30th ECNP Congress – Paris 2017
Synthetic cannabinoids: a growing problem?
Conférencier(s): Gal Shoval (Université de Tel Aviv), Liana Fattore (Université de Cagliari)

« Spice », « K2 », « Mr Nice Guy », « Aroma », « Green Buddha », « Blonde Summit », « Fake Weed », voilà quelques exemples de noms sous lesquels sont vendus les cannabinoïdes de synthèse. Le premier aurait été synthétisée par Robert Cahn à Londres en 1935. La première molécule moderne, le JWH-018, communément appelée « Spice » a été synthétisée en 1995. Depuis, des composés de troisième génération, comme les BB22, 5F-PB22, toujours plus puissants, ont vu le jour. L’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCCDA) en recense deux nouvelles par semaine. Ce sont les deuxièmes drogues consommées chez les étudiants aux Etats-Unis (1).

Les avantages recherchés par les sujets sont des effets THC-like plus puissants, avec des effets plus intenses et plus longs que le THC traditionnel. Les cannabinoïdes de synthèse sont recherchés aussi par les consommateurs pour leur montée plus rapide, des prix moins élevés que le cannabis traditionnel, leur statut « légal » (comprendre : « pas encore illégal »), l’accès facile par Internet ou en boutiques spécialisées. Ils sont perçus comme « naturels » et sans risque. En outre, ces substances ne sont pas détectables dans le sang et les urines. Elles sont appréciées pour cette raison par certains sujets effectuant des contrôles réguliers, notamment sportifs, militaires et travailleurs sur des postes à risque.

Les cannabinoïdes de synthèse se fument, très fréquemment en association avec du cannabis traditionnel ou à de l’huile de cannabis (73% des consommateurs ont des analyses toxicologiques positives au THC). Ils peuvent se consommer également sous forme de liquide à ingérer, en cigarette électronique ou être contenues dans des pilules d’ecstasy.

Ces substances sont des agonistes complets des récepteurs CB1 avec une affinité plus importante que le THC, agoniste partiel des récepteurs CB1. Les effets nocifs sur la santé ont été décrits ces dernières années : troubles psychotiques (2010), décès par surdose (2010) et 9 décès en 2011 (2). Les effets aigus peuvent être multiples : tachycardie, tachyarythmie, HTA, xérostomie, mydriase, dyspnée, nausées/vomissements, anxiété, agitation, hallucinations et autres symptômes psychotiques, crises convulsives. Par rapport aux consommateurs de cannabis traditionnels, les consommateurs de cannabinoïdes de synthèse sont plus jeunes, présentent des niveaux d’agressivité plus importants, sont hospitalisés plus longtemps, et ont des scores plus élevés à la PANSS (2, 3).

Chez l’animal, il a été montré que les cannabinoïdes de synthèse, notamment le spice, avaient, comme les autres drogues, des effets d’auto-administration, de renforcement et d’augmentation de la transmission dopaminergique dans le nucleus accumbens (4). Chez l’homme, la première description de dépendance au spice a été rapportée en 2009. Un syndrome de sevrage a été décrit, caractérisé, outre le craving, par de l’irritabilité, de l’agitation, une humeur maniaque, une insomnie, une tachycardie, des sueurs, des tremblements, des vomissements, des crises convulsives et une augmentation de l’appétit (5).