CFP 2013  – Synthèse thématique
Clinique (3/6)
La médecine basée sur la preuve à l’épreuve de la complexité clinique 
 
La médecine basée sur la preuve pourrait être un idéal partagé par l’ensemble de la communauté médicale. Mais dans ses formes d’application, elle est source de conflits et de division notamment dans la discipline psychiatrique. Les uns prônent une médecine au plus près des résultats scientifiques. Les autres redoutent l’officialisation de « standards » impossibles à mettre en oeuvre dans les conditions naturelles de la prise en charge de patients. Quel équilibre trouver entre les résultats d’études randomisées, généralement affranchies de la complexité par des critères d’inclusion et d’exclusion stricts – mais qui sont considérés comme le plus haut niveau de preuve – et l’expertise individuelle de chacun des praticiens ? On saluera donc l’initiative de cette cinquième édition du CFP d’aborder le sujet le plus ouvertement possible et qui, dans le volet clinique de sa programmation, explore différentes dimensions de cette complexité.
 
Le DSM-V une version totalement remaniée des principales entités cliniques 
Le remaniement en profondeur de la structure de la classification du Manuel Diagnostique et Statistique des Troubles Mentaux (DSM-V) est l’objet d’une très grande attention. L’analyse, des raisons pratiques et théoriques de l’abandon du système multiaxial qui présidait à l’édification du DSM III (FA3C) constituera une introduction utile aux réflexions proposées sur les modifications intervenues. Celles-ci sont d’envergure et concernent plusieurs grandes entités cliniques : le trouble de l’humeur (FA3) (S1C), les troubles anxieux (S1C), les troubles neurodéveloppementaux et troubles du spectre de l’autisme (S1A), et enfin, les troubles de la personnalité (S1B). Les commentaires ont trait à la pertinence des modifications, mais ils soulignent aussi, les enjeux qu’ils recèlent notamment en matière de remboursement et de recherche.
 
Focus sur les facteurs environnementaux et contextuels 
On notera l’intérêt croissant qui se dessine pour l’évaluation du rôle des facteurs environnementaux dans la genèse et le pronostic des troubles psychiatriques. Le lien traditionnel entre stress et maladie cardiovasculaire qui a inauguré le genre, est revisité avec une analyse en soustraction : quelle est l’efficacité du traitement du stress et de la dépression dans le pronostic des maladies cardiovasculaires (S11B) ? Et puis, concernant les troubles de l’humeur, on voit poindre des recherches sur les traumatismes affectifs vécus dans l’enfance qui attestent d’une exposition plus fréquente des patients bipolaires, mais aussi de l’influence des traumatismes subis sur l’expression de la maladie en termes de sévérité et de qualité des troubles. Cette influence est mise en parallèle avec le lien, également établi, entre traumatisme affectif et dyscontrôle impulsif (S5B). Une approche originale, et certainement féconde, propose le concept de « douleur sociale » survenant lorsque l’intégrité sociale d’un individu est fragilisée ou attaquée. La vulnérabilité à la douleur sociale pouvant être influencée par les événements de vie subis dans l’enfance et constituer un facteur de risque suicidaire (S32A). Enfin, le deuil longtemps écarté de la nosographie psychiatrique revient sur le devant de la scène : événement de vie susceptible de provoquer des troubles psychiatriques, le vécu de deuil est analysé avec minutie ainsi que les circonstances de survenue du deuil lesquels orienteront la prise en charge (S18A,B). Le suicide d’un proche fait l’objet d’une étude d’impact socio-économique (S32C).
 
 

 

 

 
 
 
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> POINTS FORTS > Analyse des raisons pratiques et théoriques de l’abandon du système multiaxial dans le DSM-V.
> Le concept de « douleur sociale » survenant lorsque l’intégration sociale d’un individu est fragilisée et ses conséquences psychopathologiques.
> Approche nouvelle de l’anhédonie avec une distinction entre la capacité à anticiper le plaisir et la capacité à l’éprouver qui pourrait être préservée dans la schizophrénie.

 

 
Editeur : CARCO – 6, cité Paradis – 75010 PARIS
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Une approche qualitative des troubles 
L’intérêt pour l’approche qualitative se confirme avec les travaux sur les capacités narratives autobiographiques des individus et leurs liens avec différentes entités cliniques comme l’anorexie mentale où l’on observe des persévérations de souvenir à tonalité émotionnelle négative ou encore la schizophrénie où c’est la cohérence causale qui est altérée (S25). Les recherches ont pu approfondir les mécanismes à l’oeuvre dans les symptômes négatifs de la schizophrénie tels que l’anhédonie ou l’apathie. Elles apportent des perspectives nouvelles avec l’hypothèse de l’existence d’un trouble de l’anticipation du plaisir mais sans forcément que l’éprouvé soit, dans les faits, altéré. Ce résultat ouvre d’évidentes perspectives thérapeutiques et éclaire certaines évolutions cliniques (S17A,B). Enfin, la recherche clinique s’invite dans des domaines de complexité telles que la dépression résistante (S24A,B) ou le vieillissement (S30).
 
On assiste donc, au niveau de la clinique psychiatrique, à un déploiement des niveaux d’analyse avec un focus particulier sur les dimensions contextuelles et environnementales. Tendance qui converge vers les préoccupations du clinicien dans sa pratique quotidienne. Cette évolution parviendra-t-elle à réconcilier les différents acteurs de la psychiatrie ? Elle atteste, en tous cas, d’une tentative d’intégration de la complexité. Mais, comme on le voit, la médecine basée sur les preuves n’a rien d’évident.
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