CFP2019 S05 – Tentatives de suicide à l’adolescence : Comment lutter contre la récidive ? Président : Bojan MIRKOVIC, Paris Récidive des tentatives de suicide. Résultats d’une étude de cohorte de 320 adolescents français. Bojan MIRKOVIC, Paris Tentative de suicide chez les adolescents français et brésiliens. Etude comparative des facteurs cliniques, culturels et environnementaux. Natalia CRUZ RUFINO, Sao Paulo – Brésil De la veille à la crise : VigilanS à l’épreuve des enfants et adolescents Charles-Edouard NOTREDAME, Lille

Deuxième cause de mortalité représentant près de 400 décès par an, le suicide des 15-19 ans est l’objet d’une attention particulière des cliniciens et chercheurs pour mieux prévenir ces destins tragiques. Les tentatives de suicide étant un facteur de risque majeur de récidive et de suicide accompli, la recherche de facteurs de vulnérabilité ou de protection au décours d’une TS sont un objectif central des études cliniques et sociologiques.

La connaissance du phénomène et de ses déterminants

Au cours de ce symposiume, Bojan Mirkovic a rappelé les données de l’épidémiologie internationale et précisé les résultats d’études réalisées en France, Natalia Cruz Rufino a comparé les profils cliniques, psychologiques et sociaux d’adolescents brésiliens et français. Si les facteurs de risque sont assez connus, liés aux syndromes cliniques de dépression mais surtout aux perturbation du processus d’attachement et aux évènements traumatiques de l’existence, les facteurs de protection, les formes d’investissement social, et scolaire qui témoignent de capacités à faire face, sont aussi importants à identifier dans la démarche de prévention des récidives. La protection par des facteurs dits “spirituels” dont les contours sont difficiles à cerner à été retrouvée comme dans les populations adultes. Il ne s’agit pas d’une acception étroitement religieuse de la notion de spiritualité (il y a des adhésions à la religion qu’on peut trouver peu spirituelles), mais d’une disposition d’ouverture aux questionnements qui dépassent la sphère individuelle, une recherche de valeurs d’existence, un accès à la question culturelle et à ses propres ressources créatives.

La prévention par le souci, la disponibilité, la qualité du lien

Ces données prennent tout leur sens quand on aborde la question de la prévention, de la création du lien entre l’adolescent et un ou plusieurs professionnels au décours de la tentative de suicide. La création de ce lien, c’est justement l’objet central du dispositif VigilanS, dont Charles-Edouard Notredame était ce jour-là le représentant éloquent. Avoir une relative conscience de ses problèmes, une capacité à exprimer un besoin d’aide et à rechercher comment l’obtenir est un préalable nécessaire à la rencontre. Il faut encore qu’une ressource soit accessible avec une disponibilité suffisante. VigilanS fonctionne justement comme un facilitateur de mise en lien, agissant à différents niveaux. Le dispositif pour les adolescents est presque national, chaque adolescent ayant fait une TS repart avec une carte lui permettant d’appeler un numéro dédié. 10 à 20 jours après la TS, l’adolescent est recontacté par téléphone, en fonction de cet échange on déclenche une action plus concrète ou on s’en tient là et on envoie une carte postale tous les mois pendant 4 mois, le lien est nourri de cette façon, dans une clinique du souci d’autrui.

VigilanSeurs : un nouveau métier

L’évolution et la richesse du dispositif se mesure à l’évolution du travail des professionnels, les VigilanSeurs, leur compréhension et leur adaptation aux fluctuations d’investissements, aux banalisations défensives, particulièrement lorsque celles-ci visent à dégager l’adolescent de la dépendance aux adultes, en n’exprimant pas trop ouvertement sa fragilité. Entre intervention proactive et capacité à s’ajuster à la distance et la temporalité de l’adolescent, entre le souci pour la personne et une intervention élargie à son milieu, sa famille, les médecins, les éducateurs , les institutions de protection de l’enfance, la constitution de l’alliance et la perspective d’un travail systémique de VigilanS déploient une action à différents niveaux : Au niveau individuel par une disponibilité authentique, au niveau de la responsabilité collective par un travail relié avec des partenaires, et enfin au niveau de normes sociales en travaillant à déconstruire les représentations stigmatisantes et péjoratives sur les conduites suicidaires.