Le congrès en bref – Addictions

De la réduction des risques à la remédiation cognitive, tous les aspects ou presque de l’Addictologie sont balayés lors du CFP 2016. Les addictions naissent dans le cerveau et sont fréquemment associées à des troubles psychiatriques, les communications présentées à Montpellier ancrent fermement l’Addictologie à la Psychiatrie.

Les points forts
La réduction des risques est une pratique aujourd’hui étendue aux addictions les plus fréquentes : tabac et alcool.
Repérer et traiter les comorbidités psychiatriques dans les addictions est primordial.
Les concepts d’addictions aux écrans et à la restriction alimentaires sont de plus en plus opérants.
La remédiation cognitive, intéressante en théorie, est un outil difficile à utiliser en pratique.


Audition Publique 2016 de la Fédération Française d’Addictologie : les propositions sur la réduction des risques et des dommages en Addictologie

Développée dans les années 80 pour lutter contre les infections à VIH chez les usagers de drogues par voie intraveineuse, la réduction des risques est un concept et une pratique aujourd’hui largement admis dans la communauté addictologique, notamment pour les consommations excessives de tabac et d’alcool. La première audition publique française sur ce thème a été organisée en avril dernier, comprenant notamment un volet addictions/comorbidités psychiatriques. Une synthèse pour les psychiatres et addictologues sera présentée dans un symposium du forum des associations (FA06).


Doubles diagnostics, pathologies duelles, ou comorbidités psychiatriques et addictologiques ?

Les patients qui présentent des addictions présentent fréquemment des troubles psychiatriques et vice-versa. Les grandes études épidémiologiques telles que les études ECA (Epidemiologic Catchment Area Survey), NCS (National Comorbidity Survey), NESARC (National Epidemiologic Survey on Alcohol and Related Conditions) ont en effet confirmé scientifiquement les impressions cliniques décrites sur le terrain depuis des dizaines d’années, notamment par Delay et Deniker au début des années 50. Cependant, en pratique, il est souvent difficile devant un patient présentant des addictions, de distinguer les troubles psychiatriques induits par les substances des troubles psychiatriques primaires comorbides. Un symposium fera le point sur cette question, notamment sur le plan thérapeutique (S14).
La question des troubles de personnalité associés, retrouvés chez 40 à 60% des patients présentant des addictions d’après les mêmes études épidémiologiques, est également cruciale. Une rencontre avec l’expert fera le point sur les rapports entre addictions et troubles de personnalité état-limites et leur prise en charge, nécessairement conjointe (R03).


Addictions : le point express

Si vous n’êtes pas familier avec l’Addictologie ou qu’elle ne vous intéresse pas, un symposium vous permettra de connaitre en très peu de temps l’essentiel de la neurobiologie des addictions, les risques et les traitements actuels des addictions au cannabis et à la cocaïne. Sujets incontournables et d’actualité, tant la consommation de ces substances se répand dans toutes les couches de la population et notamment chez les patients psychiatriques (S21).


Le virtuel simple prolongement du psychisme ou véritable addiction ?

De nombreux sujets ont tendance à privilégier la vie sur écran, ou ils vont projeter leur fonctionnement psychique, au détriment du réel. L’investissement psychique de certains est tel qu’ils organisent toute leur vie psychique, notamment leur vie relationnelle, dans les univers virtuels, sans jamais atteindre la plénitude recherchée, bien au contraire. Une rencontre avec l’expert fera abordera les aspects cliniques de la relation virtuelle addictive (R18).


Anorexie mentale: une addiction au jeûne ?

De nombreux travaux vont dans le sens d’un rattachement de l’anorexie mentale au spectre des addictions. Dans cette perspective, un symposium examinera les points communs entre anorexie mentale et addictions sur les plans neurobiologiques, neurocognitifs, cliniques et thérapeutiques. Certains travaux récents qui ont notamment souligné la dimension hédonique liée à la restriction alimentaire, excitent la curiosité pour cette approche (S28).


Remédiation cognitive : un nouvel outil dans le traitement des addictions ?

La remédiation cognitive est utilisée avec profit dans la prise en charge des patients souffrant de schizophrénie. La consommation répétée de substances, notamment l’alcool et le cannabis induit des troubles mnésiques, des déficits émotionnels et des troubles des fonctions exécutives, notamment des difficultés de planification et d’adaptation à l’environnement. Ces déficits sont généralement sous-estimés par les patients, alors qu’ils ont un impact pouvant être sévère sur leur vie quotidienne. D’où l’idée d’utiliser la remédiation cognitive en Addictologie. Néanmoins, améliorer les capacités cognitives, objectif louable en théorie, est en pratique controversé. Dans la vraie vie, les soignants ont, par exemple, des difficultés à évaluer les troubles cognitifs induits par les substances, faute de neuropsychologues formés spécifiquement, malgré l’élaboration de nouveaux outils tels que le BEARNI, présenté l’année dernière au CFP. D’autre part, peut-on proposer la remédiation cognitive à des sujets non sevrés ? Ces décalages entre théorie et pratique seront débattus lors du débat Peut-on transposer les outils de la remédiation et la réhabilitation en psychiatrie à l’addictologie ? (D08).