Lille aux enfants

Chaque année apporte ses contributions à la compréhension des relations complexes entre souffrance parentale et souffrance de l’enfant. Si la réalité des retentissements de la dépression maternelle sur le développement de l’enfant est assez bien établie, la nature des troubles cognitifs et affectifs chez l’enfant en fonction de la sévérité et de la durée de la dépression, leur incidence et leurs conséquences sur la scolarité et la vie sociale ont besoin d’être précisées.

POINTS FORTS

  • La prévention précoce en psychiatrie infanto-juvénile repose sur la qualité des partenariats et de la coordination entre tous les professionnels impliqués dans le suivi de la grossesse, de l’accouchement et de la période périnatale.
  • Les pathologies limites de l’enfance à l’âge adulte soulèvent des questions théoriques liées aux multiples descriptions faites au cours du temps et impliquent des actions de soins délicates sur des conduites à risques auprès de populations difficiles à suivre de façon régulière.
  • Les prescriptions de psychotropes ne dépendent pas uniquement de critères cliniques mais aussi de facteurs psycho-sociaux dont les praticiens n’ont pas nécessairement conscience.

Psychopathologie parentale et développement de l’enfant

Les résultats des cohortes ELFE, EDEN et CAPEDP apporteront ces précisions et souligneront l’importance des facteurs socio-économiques associés aux difficultés psychologiques parentales et au problème de l’accès aux soins (S17) . Parmi les dispositifs destinés à apporter une aide aux situations critiques de la périnatalité, les unités mère-bébé proposent un cadre particulier pour aider à construire le lien ou préparer une séparation lorsque les troubles de l’interaction sont trop insécurisants pour l’enfant. Un débat posera clairement la question du rapport bénéfice/risque de ces unités après plus de vingt années de fonctionnement (D1).

C’est plus généralement la question de la contribution, de l’ambition des équipes de psychiatrie au bien-être du nourrisson, du jeune enfant et de ses parents que l’on retrouvera tout au long du congrès avec plusieurs sessions autour de la périnatalité témoignant de la vitalité de la région lilloise dans ce domaine. On savait la psychiatrie adulte très impliquée dans la dynamique coopérative et la réhabilitation, on mesurera lors de forums la qualité des interventions et partenariats noués avec les services de néonatalogie, l’importance accordée au travail pluridisciplinaire et à la coordination des acteurs par les équipes de psychiatrie infanto-juvénile locales (FA3, FA4).

Psychiatres d’adultes et psychiatres d’enfants seront aussi amenés à prendre part au débat sur leur façon respective d’aborder la question de la pathologie mentale et des soins d’un parent en lien avec les conséquences possibles sur le développement de l’enfant (D10).

Posters en lien : (P071, troubles bipolaires et parentalité ; P065, attaques au système de caregiving)

Pathologies Limites :

Au centre des préoccupations, enjeux nosologiques et développementaux

Invitées de plusieurs sessions (S10, S35), les pathologies limites concentrent les questions importantes que les cliniciens et la société se posent sur l’adolescence comme ” fonctionnement limite ” et sur la fragilité du ” devenir adulte ” au décours d’une enfance troublée. Stabilité ou variabilité dans le temps du trouble ou des éléments sémiologiques par lesquels il se manifeste posant la question de la réalité d’une ” organisation psychique ” spécifique, liens entre la psychopathologie de l’enfant et celle de l’adulte et entre les approches psychodynamique et descriptive-phénoménologique seront au programme de ces interventions. A leur côté, des études d’intervention rappelleront que l’abus de substances et les tentatives de suicide sont une préoccupation majeure du soignant en raison des risques immédiats et à plus long terme liés à ces conduites. C’est aussi auprès de mères présentant une pathologie limite que des interventions sont proposées devant le constat de troubles des interactions précoces avec le bébé suggérant l’importance de l’aide apportée à ces dyades.

Débattre à propos des prescriptions de psychotropes

4 ans après une première présentation à Lille, les prescriptions de psychotropes chez la femme enceinte seront réévaluées à la lumière de connaissances plus récentes (R5) et dans le prolongement d’une intervention à Nantes l’an dernier, une rencontre-échange autour de questions générales sur la prescription chez l’enfant invitera les participants à partager leurs expériences et leurs questions (R7). Des questions plus spécifiques appuyées sur des études récentes montreront l’évolution de la prescription des antipsychotiques entre 2005 et 2013 chez l’enfant, l’impact de facteurs sociaux sur la prescription des stimulants et l’incidence des antidépresseurs sur le risque suicidaire (S1).

Posters en lien (P075, autisme et clozapine ; P074, dysfonctionnement émotionnel de l’adolescent )

Last but not least

En marge de ces thématiques phares, un forum sur les troubles du comportement alimentaire évoquera la question rarement traitée de l’anorexie masculine (FA2), un autre, ambitieux et original, tricotera des liens entre les connaissances sur la neuroplasticité dans l’enfance et l’importance d’interventions précoces dans les troubles du comportement de l’enfant et dans les troubles du spectre autistique (FA8A). En lien avec cette intervention, on pourra suivre le symposium consacré au développement d’une application sur tablette tactile pour l’accompagnement d’enfants atteints de TSA (S35) prenant en compte les particularités développementales de ces enfants et les atouts propres à ces nouvelles technologies. Enfin l’adolescent anxieux fuyant l’école ne sera pas laissé dans sa solitude inquiète mais invité à rencontrer un expert bienveillant prêt à mieux le connaître et l’aider (R 17). En déambulant parmi les posters on rencontrera des jeunes suicidants brésiliens (P76), un syndrome de Rubinstein-Taybi (P67), des enfants diabétiques (P68) ou anxieux (P 69), des télépsychiatres polynésiens (P 72) , des TDAH concentrés sur un ordinateur (P70) et même un syndrome de Sardanapale (à trouver…) ! Mention particulière et pause nécessaire devant le travail mené par le C’JAAD (P66) sur le repérage précoce des pathologies schizophréniques et les facteurs favorisant ou entravant la précocité des soins. Travail ambitieux lui aussi dont on sait quelles peuvent en être les conséquences pour la réalité et la qualité de la prise en charge.