Après un tournant apporté par le DSM III, qui se voulait être un outil descriptif et neutre, revendiquait son a-théorisme et ses multiples axes de diagnostic sorte de pied de nez à la psychanalyse, la cinquième édition du manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, le DSM 5, publiée en mai 2013, fait parler d’elle.
Aujourd’hui, ce nouveau manuel se veut suffisamment fiable, attestant que pour une même pathologie, un patient donné, nous tomberions tous sur un diagnostic commun.

Il y a plus de quatorze ans (en 1999), près de mille experts internationaux ont réfléchi à l’intégration de marqueurs biologiques, d’enquêtes de terrain pour améliorer la fiabilité des diagnostics. Ainsi, tout un champ d’expertises et d’enquêtes ont été menés pour permettre à l’Association Américaine de Psychiatrie (APA), qui en est le principal sponsor, d’en adopter sa forme finale.
Outre les accords de stricte confidentialité que l’association exige pour la première fois dans l’histoire du DSM, rendant ainsi privée toute son élaboration, cette nouvelle publication amène d’autres controverses.

En psychiatrie de l’adulte par exemple, certains espèrent que les nouveautés comme le critère de « dépression anxieuse légère », traversée par grand nombre de terriens, ou le deuil qui est désormais un facteur pouvant déclencher un Épisode Dépressif Majeur, ne seront pas traités par une nouvelle molécule pharmaceutique.
En pédopsychiatrie, le Pr Claude Bursztejn regrette que les différents troubles envahissants du développement aient tous été rassemblés sous le titre de Autism Spectrum Disorder (Trouble du Spectre de l’Autisme) excluant au passage le syndrome de Rett. Il lui semble intéressant que la perspective de vie entière, ainsi que le niveau de sévérité, et de dépendance aient été ajoutés. N’en reste pas moins que « 1 % de la population se retrouve sous la même étiquette tandis qu’il existe une si grande hétérogénéité en termes de présentation clinique mais aussi de degré de handicap ». En effet, précise-t-il, « quand certains ont accès à un langage sophistiqué avec des compétences intellectuelles évidentes, d’autres ont des compétences déficitaires allant jusqu’à parfois ne pas pouvoir faire l’acquisition du langage, avec éventuellement une pathologie génétique démontrée ». Alors, conclut-il, dire qu’il s’agit de la même pathologie n’est qu’une hypothèse.

En attendant 2015, pour la dernière version de la CIM-11 (Classification Internationales des Maladies) qui, en France reste la classification officielle ; comme certains professionnels de la santé mentale le disent, « qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, le DSM, il faut le connaître ».

Lizzie Clavereau, Paris