En ce qu’elle procède d’injonctions verbales et tactiles, et le fait que le psychothérapeute y parle d’avantage, la thérapie psychocorporelle est déjà différente des autres psychothérapies. Pierre Gaudriault parle de déconnection suggestive, cette recherche de faculté psychique vers une décontraction musculaire. En 1958, Schultz évoquait déjà ce mécanisme d’autosuggestion comme étant l’objet même de son « training autogène ». Précisons que le Training autogène est une technique d’induction de sensations de calme, de repos, de lourdeur, de chaleur de type hypnotique afin que le patient obtienne ces modifications par un mécanisme d’autohypnose. Il s’agit bien d’une méthode de référence en matière de thérapie psychocorporelle.

Dans cette dimension soignant/soigné survient alors l’aspect autoritaire, comme sédation du symptôme durant le temps de la relaxation psychothérapeutique. Alors, à la question de la dépendance du patient au thérapeute s’enjoint les divers témoignages rapportés par les patients de sensation de relâchement, ralentissement de la respiration Ces ressentis qui permettent simplement de comprendre la différence entre le repos et la détente, s’accompagnent de la prise de conscience de tensions chroniques.

La thérapie psychocorporelle fait l’hypothèse que les tensions corporelles sont associées à des angoisses. « La conscience motrice ne pourra s’opérer qu’à condition qu’il y ait relation de confiance », grâce à cet « environnement facilitant » dont parle Winnicott. Puis, l’activité mentale diminue avec la détente musculaire, le triptyque relaxant s’accomplit depuis la phase de mouvement, celle de détente jusqu’à la verbalisation.

Pierre Gaudriault s’engage et nous avec, pour dire que la relaxation psychocorporelle a pour effet la réduction des symptômes. Le « dévoilement sensoriel » se mêle à l’apparition de sensations nouvelles qui appartiennent au corps sensoriel. Il précise toutefois que les effets peuvent être rapides sur une sorte de transfert primitif mais ne durent pas. Comme si, l’apaisement de la souffrance corporelle ne pouvait pas s’apprendre. Il nous faut cette autre chose dont parle Sami Ali : l’accès au corps imaginaire. Ainsi, la relaxation permet la reconnaissance de ce corps imaginaire subjectif, pour réintégrer le corps de son agir.

Lizzie Clavereau, Paris