CFP 2018
EDITO Psychiatrie de la personne âgée

Cette vieille personne que nous voudrions mettre sous cloche dans l’espoir que la mort lui passe à côté, elle, a besoin de poursuivre sa vie, ses expériences initiatiques et/ou d’en rechercher les limites. Entre l’espoir de rendre la mort invisible et le tabou de la sexualité chez l’âgé – Pourquoi la personne âgée n’aurait-elle que le droit de caresser la vie du bout des doigts ?

« Hier encore – J’avais vingt ans – Je caressais le temps
Et jouais de la vie – Comme on joue de l’amour »

Les addictions comportementales, les passages à l’acte suicidaire, l’hypersexualité ou le jeu pathologique sont autant de conduites à risque présentes chez la personne âgée dont certaines entretiennent un lien plus important avec la maladie de Parkinson (JPPA03A).
A travers les fonctions exécutives, un zoom neurologique permet de détailler les marqueurs cognitivo-émotionnels spécifiques pour mieux anticiper sur le risque de passage à l’acte suicidaire (JPPA3B). Et puisque nos contemporains cherchent à « prévenir les risques », à « bien vieillir » et se préoccupent d’« une vieillesse réussie », jeter un œil du côté de la sociologie (JPPA3C) remet la personne âgée dans une dimension vie entière et peut-être alors, lui autorise une sortie dans le monde « réel », celui-là même qui comporte sa part de risque.

« J’ai perdu la tête, mon cœur est en fête.
J’ai perdu la tête mais mon Dieu, que j’aime ça ».

Si l’âge chronologique détermine le temps de notre vécu, d’autres dimensions rentrent en compte. L’éprouvé de ce temps parcouru va également être lié à la dimension biologique et sociale. Tout comme la façon dont nous évoluons au sein d’un environnement impacte la qualité de notre vieillesse. S’appuyant sur les dires du sociologue Pierre Bourdieu, « l’âge est une donnée biologique socialement manipulable et manipulée », une des sessions de ce congrès interroge les représentations sociales en jeu dans le vieillissement (JPPA01A).
Nombres d’études offrent des preuves empiriques selon lesquels l’attrait positif donné à sa propre vie et les grandes stratégies utilisées pour s’y adapter, jouent un rôle essentiel dans la résilience du centenaire. Alors si Shahnourh Varinag Aznavourian (allias Charles Aznavour) avait été centenaire, en aurait-il été déprimé ? (JPPA01B).
Consulter en centre mémoire est rarement motivé par une ivresse amoureuse, elle n’est pas non plus réservée qu’au « plus de ». Des intervenants s’intéressent à la prise en charge des troubles cognitifs et à leurs motifs de consultation. Ils précisent les tranches d’âge, les grands diagnostics et les conséquences pour la prise en charge de ces personnes (JPPA01C).

«Emmenez-moi au bout de la terre, emmenez-moi au pays des merveilles.
Il me semble que la misère serait moins pénible au soleil.
»

La dépression est une pathologie psychiatrique des plus fréquentes chez la personne âgée. Si elle peut être considérée à tort comme normale, ses conséquences sur la perte d’autonomie et l’altération de la qualité de vie sont importantes. Atteintes cognitivo-comportementales, troubles régressif et délirant, sa sémiologie englobe des aspects très variés et sa prise en charge thérapeutique en reste complexe.
Une des présentations nous éclaire sur le concept de dépression résistante (DR) et sur les stratégies de sa prise en charge (JPPA02C). Quant au Centre Ressource Régional de Psychiatrie du sujet âgé de l’Hôpital Corentin-Celton, il expose le bilan diagnostic et thérapeutique mené par une équipe pluridisciplinaire. Dans un premier temps seront abordées les résistances (JPPA02A) puis, les principaux critères cliniques et biologiques, permettant de prédire la réponse aux antidépresseurs (JPPA02B). Il n’en va pas de même pour les personnes en situation de handicap mental et les traumatisés crâniens. Quelles sont les répercussions psychiques et cognitives ? (JPPA04A). Quelles particularités cliniques et neuropsychologiques pour les vieilles personnes porteuses de trisomie 21 et les comorbidités neurodégénératives prévalentes comme la maladie d’Alzheimer ? (JPPA04B). Puisqu’il existe de multiples comorbidités spécifiques au personnes avec déficience intellectuelle: épilepsie, pathologies respiratoires, troubles auditifs, pathologies digestives… l’évaluation gériatrique et ses particularités doivent être précisées (JPPA04C).

« Je ferais mieux d’aller choisir mon vocabulaire – Pour te plaire dans la langue de Molière
Toi, tes eyes, ton nose, tes lips adorables – Tu n’as pas compris tant pis ».

Mais ma parole, je ne comprends rien de ce que tu me racontes ! Dire pour se faire comprendre, parler de ses besoins et de ses émotions c’est interagir avec son environnement, c’est exister et exprimer son désir, ses besoins.
Les aphasies sont des troubles neurodégénératifs et neuropsychiatriques importants. Et l’analyse automatisée de la voix pour comprendre ce qui est dit et comment cela se dit, la prise en compte des compétences neurocognitives en jeu dans la capacité langagière, constitue un outil de diagnostic prometteur pour le dépistage précoce des troubles neurocognitifs et des troubles de l’humeur (JPPA05A) – (JPPA05B).

« Moi je rêve encore jusqu’au matin, debout sur le port. »

Les perturbations du sommeil peuvent engendrer des déambulations nocturnes, des troubles du comportement en sommeil paradoxal… et avoir des conséquences importantes. Elles vont jusqu’à engendrer une institutionnalisation de la personne tant le maintien à domicile est rendu impossible. L’impact sur le conjoint ou l’aidant est très important, celui-ci devient alors une sorte de « veilleur de nuit » (JPPA06B). Les troubles du sommeil ou les troubles cognitifs, qui le premier est de l’œuf ou de la poule ? En effet, la qualité du sommeil, dans sa durée et la fragmentation causée par les troubles respiratoires, pourrait être la cause d’une déficience cognitive. En Suisse, les Centres d’Investigation et de Recherche sur le Sommeil (CIRS) et le Centre Hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV) se sont penchés sur cette hypothèse (JPPA06A).
La prise en charge des troubles du sommeil est primordiale. Chez les patients souffrant de maladies neurodégénératives, elle va jusqu’à pallier à l’évolution des troubles cognitivo-comportementaux (JPPA06C). Mais, les réponses médicamenteuses doivent pour cela prévenir les éventuels effets iatrogènes (JPPA08B).

« Je vous parle d’un temps, que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître.
Montmartre en ce temps-là, accrochait ses lilas jusque sous nos fenêtres.
 »

Il n’en reste pas moins que la prise en compte de la souffrance psychique et de la comorbidité psychopathologique sont à prendre en compte dans l’accompagnement de ces personnes (JPPA07). D’ailleurs, la réponse ne peut pas toujours être pharmaceutique et l’évaluation globale du sujet requiert l’attention d’une équipe pluridisciplinaire (JPPA08A). Il faut parfois faire preuve d’inventivité permettant ainsi d’apporter des réponses non médicamenteuse (JPPA08C).