Il était une fois une crise planétaire dont les savants avaient compris les ressorts, mais cela ne plaisait pas aux adultes de le savoir et d’en assumer les conséquences. Encore moins de se l’entendre répéter par une adolescente au tempérament bien trempé qu’ils traitèrent avec un prodigieux mépris, une violence et une bêtise rageuse à la mesure de leur impuissance à agir. Il y avait bien eu Maria Montessori, Alice Miller, et d’autres fées pour dénoncer l’emprise sidérante des adultes sur les enfants, l’enfer pavé de bonnes intentions de la pédagogie noire, mais cela avait traversé les esprits sans toucher les cœurs. Alors les psychiatres continuaient d’aller à des congrès pour parler des enfants différents ou malmenés dans un monde où ils ne représentaient pas encore une promesse suffisante pour mériter une juste considération.

Il sera justement question cette année de protéger l’enfant, ses droits, son corps, son accès prématuré à des images inappropriées, ses particularités développementales. Des conférences lui seront consacrées, sur les apprentissages (C2) et sur les troubles du comportement à l’interface des questions sociales et cliniques (C5).

Protéger et écouter l’enfant

Un premier forum (FA15)étudie méthodiquement les remaniements psychiques au cours de la grossesse. Le recours au GeoCat (Geometrical Categorization Task), et la mise en correspondance de processus cognitifs (similarités attributionnelle et relationnelle) avec les processus primaire et secondaire de la théorie freudienne, fait l’originalité de cette démarche. Les résultats sont intéressants pour le suivi des personnes menacées par la fragilisation des défenses, l’irruption de réminiscences douloureuses malmenant la construction du lien avant la naissance.

Lorsque le lien se construit dans la négligence, la maltraitance physique et morale, l’enfant doit être protégé. Il est utile de rappeler le contenu de la loi, mais plus encore de considérer la façon dont nous l’appliquons, comment nous évaluons la souffrance de l’enfant en rapport avec son milieu de vie. Comment nous prenons ou non des mesures concrètes de signalement, d’accompagnement des parents et de l’enfant dans ce contexte critique (R10). Pour saisir l’importance de ces décisions difficiles, on peut se référer aux conséquences des traumatismes de l’enfance sur la vie adulte (S25).

Si la loi demande aussi qu’on recherche chez la personne mineure le consentement pour les soins, notre travail consiste à savoir comment on informe, comment on fait face au refus. Travaillant avec le souci du point de vue d’autrui, le clinicien doit assumer les conflits d’une pratique qui se veut humaniste, respectueuse de l’autodétermination, et en même temps contraignante avec des hospitalisations sans consentement ou des orientations vers des dispositifs d’accompagnement médico-sociaux qui écartent des parcours ordinaires. (FA 18)

Soignants, enfants, parents, ont tous un point de vue sur les bienfaits d’un médicament, d’une thérapie, d’une rééducation. Prendre en compte chaque point de vue est un principe de notre travail, fonder une démarche de recherche sur l’analyse qualitative de ces points de vue est plus complexe, plus audacieux aussi. Les résultats des travaux présentés lors de cette rencontre (R 02) nourriront les réflexions sur le consentement évoquées plus haut.

Sexualité connectée, écrans de la réalité, adolescents désespérés ou démesurés

Dans sa découverte de la sexualité, ses interrogations sur son identité de genre, son choix d’objet sexuel, l’adolescent a accès aujourd’hui à des contenus et des formes d’échanges inédits. Comment ces nouveaux supports soutiennent ou au contraire perturbent le travail psychique de transformation adolescente, les cliniciens commencent à en avoir une idée. Une rencontre avec l’expert en témoigne (R16) et peut être reliée au symposium consacré aux usages envahissants des écrans.(S20)

Avec une meilleure connaissance des facteurs de risques ou protecteurs, des études comparant les populations dans différents pays, le déploiement de programmes de suivi comme VigilanS, on prend la mesure des transformations dans l’approche de la personne suicidante, le travail avec les adolescents dans ce contexte comportant ses propres difficultés (S05).

Les enfants dont les capacités intellectuelles dépassent les normes sont-ils particulièrement concernés par la psychopathologie ? Des études récentes ne confirment pas l’idée selon laquelle le HPI est associé à plus de troubles anxieux, dépressifs ou d’échecs scolaires. Il persiste chez les cliniciens le souci de reconnaître des particularités dans l’expression de la vie émotionnelle liées à une expérience du monde sensiblement différente, et à une dynamique familiale spécifique autour de ces enfants (FA 24)

Un PACT pour les troubles de la communication sociale , une ETAPE pour les antipsychotiques

S’il est admis qu’il faut mieux explorer les troubles de la communication dès la première année, que proposer aux parents et aux enfants à risque ou déjà dans le spectre de l’autisme ? Dans le domaine des interventions précoces, les pratiques s’enrichissent avec l’arrivée en France d’une thérapie de la communication basée sur un travail avec les parents utilisant des vidéos d’interactions avec leur enfant. (PACT) (S22). La difficulté d’établir clairement le bénéfice des interventions proposées aux autistes sont au cœur d’un débat sur la valeur des pratiques dites “intégratives” et en particulier sur l’intérêt d’une association entre une intervention institutionnelle et une scolarité adaptée intensive (D02).

La session consacrée aux psychotropes (S11) concerne les antipsychotiques, leur fréquence d’utilisation et les indications plus ou moins adaptées de la prescription (étude ETAPE). Elle porte aussi une réflexion de psychopharmacologie développementale autour du syndrome de Prader Willi, où l’on voit qu’il est important de connaître lorsque c’est possible le contexte étiologique de certains troubles du développement pour éviter des prescriptions inadaptées.