Niki de Saint Phalle (1930-2002).

Exposition NIKI DE SAINT PHALLE, du 17 septembre 2014 au 2 février 2015
Grand Palais, Galeries nationales, 75008 Paris.

Ceux qui auront pu se rendre au Grand Palais pour l’exposition sur Niki de Saint Phalle, ont pu parcourir son chemin artistique, sa voie de guérison. Parmi un beau condensé de ses œuvres, nous avons traversé les tirs jadis exécutés à la carabine par Niki et ses invités. Ces décharges de peinture explosent et viennent saigner sur des amas d’objets collectés – morceaux de poupées, jouets éventrés, abîmés, animaux empaillés et autres religiosités. Nourrit de l’art brut, nous sommes dans les années 60 et ces « tirs-happenings », semblent permettre à l’artiste de se tirer de sa crise psychique et ainsi, de s’extraire de ses mauvais objets internes. 

À la fin de sa vie elle confie que sans art, elle aurait fini à l’asile. Elle est tourmentée la Niki. En 1953, elle est hospitalisée à Nice et y subit des électrochocs pour soigner la schizophrénie que les médecins lui ont diagnostiquée. Dans son œuvre, elle dit bien y aller à fond, y jeter et expulser sa folie pour ne pas rester tapie dans la profondeur de son être.


Certaines de ses créations semblent être celles d’une petite fille de 11 ans, le travail de Niki prend tout son sens. La symbolique du tabou transparait tel un Colin-maillard avec un bandeau posé sur des yeux incestueux, elle, petite fille. Le décor est château, née à Neuilly-sur-Seine en 1930, elle est issue de la grande noblesse, de la lignée de Gilles de Rais, maréchal de France et compagnon d’arme de Jeanne d’Arc. En parlant de sa famille, Niki aime annoncer qu’il y a lui (Gilles de Ray) et après, il y a moi, tout le reste n’a pas d’importance. Voilà ce qui nous laisse entrevoir la relation qui la lie aux siens.

Dans son film Daddy (1973), elle écrit sur une feuille de papier : When i’m grown up, i kill Daddy – elle est devenue adolescente et son père est vieux. Elle se tient devant un divan, semblable à celui du Docteur Freud, face à son père assis ou attaché sur un fauteuil roulant. I’m a big girl now, Niki met en jeu un père qu’elle fait se mettre à genou, fait aboyer, qu’elle humilie en tenue peu flatteuse, qu’elle désacralise.


Maintenant Saint Phalle tient le rôle de celle qui éduque la jeune adolescente à la masturbation, le strip-tease devant ce vieux père invalide, ambiance joyeuse et prostituée. Sur fond de musique monastique, ce film métaphorique expie fantasmes et traumatismes. Elle et sa pensée féministe grandissent à l’instar de ces supers nanas qu’elle voudrait voir s’emparer du monde.

Enfin, 20 ans après, dans Mon secret (1994), elle imprime noir sur blanc le viol commis par son père, s’en est fini.