En quoi a consisté le projet « ROAMER » consacré à l’élaboration de la feuille de route pour la recherche sur les maladies mentales en Europe ? Le but du projet “ROAMER” qui a  réuni des représentants de chaque pays européens entre 2010 et 2015 après avoir été sélectionné par le 7ème appel-cadre des programmes de recherche de l’Union Européenne (FP7) a été d’établir une feuille de route de la recherche en santé mentale en Europe, compatible avec le cadre général de la recherche fixé pour l’horizon 2020. Le projet a concerné l’ensemble des troubles mentaux (maladies neuro-dégénératives exclues) considérés comme ayant un impact majeur sur la santé des citoyens européens et responsables d’un coût sociétal considérable dans les multiples rapports publiés entre 2005 et 2011. Deux temps principaux ont présidé au développement de l’étude : la réalisation d’un état des lieux  ((des financements, des infrastructures, de la formation à la recherche, mais aussi des publications dans chaque domaine de la recherche en psychiatrie..) puis l’établissement d’une liste d’actions prioritaires.

Poser les bonnes questions…

La recherche en santé mentale étant multidisciplinaire et portant à la fois sur les contextes sociaux et culturels, sur les politiques de santé publique, sur les systèmes de soins, sur les facteurs de risque environnementaux, sur les données de la recherche aussi bien fondamentale que clinique et sur les résultats des essais thérapeutiques, ROAMER a mis en place 7 groupes de travail européens (« work-packages ») recouvrant ces différents aspects et intitulés respectivement : Biomédecine ; Psychologie ; Recherche Clinique ; Problèmes économiques et sociaux ; Santé Publique ; Qualité de Vie ; Infrastructures et capacités cliniques et de recherche. Les équipes membres des groupes de travail étaient elles-mêmes représentatives de l’ensemble des pays membres de l’Union. Chaque groupe a mené une revue systématique des données et de la littérature de son domaine afin d’établir un état des lieux précis. Basée sur cet état des lieux une liste de questions clefs a alors été dressée à la suite de réunions d’experts des différents groupes et sous la coordination d’un comité scientifique international. Sur la base de ces questions des enquêtes approfondies ont pu être menées auprès des acteurs clefs de la santé mentale, à savoir : les patients et leur famille, les professionnels de la santé mentale, les cliniciens et chercheurs universitaires, les travailleurs sociaux, les décideurs en santé publique, les financeurs de la recherche et l’industrie. Plus de 100 associations et sociétés scientifiques ont donc été impliquées (les associations représentatives siégeant au sein d’un « stakeholders advisory-board ») ainsi qu’environ 700 experts cliniciens et chercheurs (sélectionnés sur des critères précis de productivité et de diversité des champs d’activité).

(voir tableau résumé de la méthodologie de l’étude).

 

État des lieux : un constat inquiétant

L’état des lieux est présenté dans les document suivants : Brochure Roamer et communiqué de presse FondaMental Octobre 2015. Il peut se résumer en trois constats très inquiétants :

  • Le coût considérable des maladies mentales: environ 800 milliards d’euros pour l’Europe (comorbidités et états démentiels exclus).
  • L’investissement considérablement déficitaire de l’Europe en général et de la France en particulier dans le domaine de la recherche sur les maladies mentales (7% du budget global de la recherche au Royaume-Uni et seulement 4% en France contre 16% aux Etats-Unis)
  • La très faible productivité de la France par rapport à son PIB en recherche sur les maladies mentales. Sur ce critère la France est classée derrière l’Espagne et l’Italie et arrive dans le peloton de queue des pays Européens
Les recommandations du projet ROAMER

Six priorités ont pu être dégagées pour la feuille de route :

  • développer impérativement la recherche sur la prévention des maladies mentales et sur la promotion de la santé mentale, notamment chez les enfants, les adolescents et les jeunes adultes.
  • se centrer sur la recherche des mécanismes en cause dans la genèse et l’évolution des pathologies mentales (aspects développementaux et interactions avec l’environnement).
  • créer, développer et maintenir des réseaux de recherche et des bases de données communes et partagées au niveau européen.
  • mettre au point des interventions thérapeutiques novatrices sur la base du développement des nouvelles technologies.
  • combattre la stigmatisation et renforcer les groupes d’usagers et d’aidants, notamment dans leur rôle de promoteurs de nouvelles recherches.
  • privilégier la qualité des soins en tenant compte des contextes économiques, sociaux et culturels.

Chacune de ces 6 priorités fait l’objet d’un plan détaillé précis. Les priorités identifiées par ROAMER sont bien alignées avec les priorités d’Horizon 2020 en tenant compte de la personnalisation des soins en terme de variation individuelle et d’organisation des soins, des diagnostics et des traitements. Les priorités énoncées par ROAMER en terme de mesure de prévention ont aussi été adoptées et soulignées par le parlement Européen et la commission Européenne et adoptées dans de nombreux pays européens. Il est temps que la France fasse de même…