Session CFP2017 – JPPA01 : Psychiatrie et mouvement, de la sémiologie à l’activité physique sur ordonnance : quelles implications dans la prise en charge ?
Président : Pierre Alexis GEOFFROY, Paris
Biomarqueurs du déclin cognitif chez le sujet âgé déprimé, et si c’était moteur ?
Gabriel ROBERT, Rennes.
Aurait-il trop de mouvements dans le cerveau des patients dépressifs ? A propos des dernières avancées de la neuroimagerie.
Thomas DESMIDT, Tours
Motricité dans les atteintes neurodégénératives, quelle place pour l’activité physique adaptée ?
Renaud DAVID, Nice

Cette idée semblerait s’appliquer à merveille à la santé mentale si l’on en croit les trois orateurs de la session « Psychiatrie et mouvement, de la sémiologie à l’activité physique sur ordonnance » (JPPA01) ! En effet, le mouvement humain, qu’il soit d’ordre plutôt macroscopique, à savoir notre niveau d’activité physique (ou locomotrice) au quotidien, ou bien qu’il soit « microscopique », comme les micro-mouvements du cerveau (aussi appelés « pulsatilité cérébrale »), pourrait être un paramètre influençant la santé mentale des individus.

A l’échelle macroscopique (notre activité physique voire sportive), le ralentissement psychomoteur dans l’Épisode Dépressif Caractérisé (EDC) est certes connu et décrit de longue date. Mais son évaluation précise en routine clinique, et surtout sa distinction sémiologique avec l’apathie, autre syndrome majeur dans la clinique de la personne âgée et souvent précurseur de la pathologie démentielle, n’est pas aussi simple. En effet, le syndrome dépressif et le syndrome apathique partagent plusieurs éléments cliniques communs (comme la perte des intérêts), rendant l’approche diagnostique et dichotomique souvent difficile pour le clinicien. Cette distinction pourrait néanmoins être facilitée par des outils simples d’utilisation, telle que l’actigraphie, qui est une technique de mesure ambulatoire de l’activité motrice d’un individu utilisant habituellement un dispositif portable pouvant être connecté à nos smartphones). Elle permet de mettre en évidence une diminution des niveaux d’activité motrice dans le syndrome dépressif et dans le syndrome apathique (mais également une augmentation des niveaux d’activité motrice du patient dépressif après un traitement antidépresseur). En revanche, le profil circadien d’activité motrice semble être différent selon que l’on est dépressif ou apathique.

Apathie et dépression : le jour et la nuit

A l’échelle microscopique cette fois, l’analyse de la pulsatilité cérébrale a montré des modifications de ces micro-mouvements suivant l’âge, l’état cognitif et thymique des individus. Chez le sujet jeune avec dépression, on observe habituellement une augmentation des micro-mouvements dans le cerveau. Alors que c’est l’effet contraire qui est observé chez le sujet âgé. Cette différence étant possiblement en lien avec l’accumulation de lésions cérébro-vasculaires rendant le parenchyme cérébral moins pulsatile chez le sujet âgé.

L’analyse objective et automatisée des mouvements micro et macroscopiques pourrait ainsi apporter une aide complémentaire dans l’approche diagnostique du clinicien, ainsi que dans le suivi et l’évaluation de la réponse thérapeutique proposée.

No sport ?

D’un point de vue préventif, voire thérapeutique, la pratique d’une activité motrice quotidienne diminuerait la mortalité générale et améliorerait la santé mentale.

Elle serait cependant d’autant plus bénéfique que l’intensité de l’activité physique deviendrait modérée à intense. En bref, si vous n’êtes pas essoufflés ou gouttelant, votre niveau d’activité est insuffisant. Cependant, que les moins courageux d’entre nous se rassurent, même 15 minutes d’activité physique quotidienne diminueraient la mortalité générale de 14 % !! Et si vous êtes inactifs préférez ne rien faire debout car, plus la station debout est importante (par rapport à la station assise), plus le risque de mortalité (toutes causes confondues) diminue. De la même façon, si vous préférez vous activer choisissez quelle activité physique pratiquer. En premier choix l’aérobie est l’activité la plus conseillée car, en plus d’être la plus bénéfique pour votre santé, elle peut se réaliser au quotidien en adoptant des réflexes simples tels que préférer prendre les escaliers que l’ascenseur.  Si l’on s’intéresse plus spécifiquement à la santé mentale cette fois, une activité physique régulière, de type aérobie et d’intensité modérée à forte, aurait la même efficacité qu’un traitement antidépresseur dans l’épisode dépressif caractérisé (à condition, bien évidemment, de parvenir à impliquer le patient dépressif et ralenti dans la pratique d’une activité physique…). De plus, la pratique d’au moins une heure d’activité physique quotidienne permettrait de prévenir environ 12 % des cas de dépression. Mais attention point trop n’en faut ! 30 minutes en intensité modérée ou bien 20 minutes en intensité élevée serait l’effort optimal à fournir, car des durées plus longues induiraient une diminution de la qualité de vie (notamment si l’activité fournie est supérieure à 90 minutes par jour en intensité élevée).

Alors, le fameux « Whisky, Cigars and No sport » de Winston Churchill aurait-il vécu…. ?