Session D07 : Radio, télévision, MP3… Et si les sons compressés nuisaient à notre psychisme ?

La musique est partout, la feuille effleurant le sol, les cordes vocales vibrant sous les émotions, la cadence des pas. Elle est partout, tout le temps, et la nuance de ses notes nous apporte flexibilité mentale et gymnastique auditive. Mais les temps changent et les écarts de sons, tout comme les écarts de pensées, tendent à l’homogénéisation. Toujours plus fort, toujours plus loin dans la paresse, notre environnement est sous compression.

Mais qu’est-ce qu’un son compressé ?

C’est un chuchotement qui crie, une musique qui stagne à 80 dB, une façon de se faire entendre dans le bruit. C’est notre adaptation à la pollution sonore, une façon de prouver que nous sommes les plus forts sans craindre de perdre la beauté de l’écoute, l’essence du bruit. Car un son compressé n’est pas un son naturel, il a perdu ses pauses, ses respirations, sa vie. Radio, télévision, salles de concerts, jeux vidéo, la compression sonore est virale, vénéneuse voire facilement contagieuse car c’est aussi notre cerveau et notre ouverture sur le monde qu’elle compacte ! Une sorte de double peine en définitive…

Nous avons besoin de pauses et de silences pour réfléchir. Au-delà des sons, c’est notre réflexion qui est mise sous pression et notre intelligence sociale qu’on asphyxie.

L’information du silence

Et toutes ces informations perdues, telles que le bruit de la neige craquant sous nos pas, l’émoi contenu de l’être aimé dans une aspiration désespérée, c’est autant de rencontres avec nous-même, avec l’Autre et avec le monde qui nous entoure que l’on perd.

En plus de cette double peine infligée, un cercle vicieux s’actionne, celui du « parler compressé ». Parler plus fort pour parler au-dessus du bruit, revient à devenir de plus en plus sourd et à parler toujours plus compressé jusqu’à perdre un écho total à l’ensemble des sons jusqu’à sa propre voix.

Les participants de ce débat (D07), un ingénieur militant pour un patrimoine sonore de l’UNESCO, un ORL et une psychiatre nous expliqueront comment ces univers sonores compressés, qu’ils soient radiophoniques, télévisuels ou dans les playlists des baladeurs de nos adolescents, peuvent modifier le psychisme de leurs utilisateurs, leurs interactions sociales et augmenter leur risque de dépression. Car si le son ne connait plus jamais d’arrêt, comment pourrons-nous laisser le temps à notre psychisme de faire une pause et à notre oreille de découvrir le silence de l’Autre quand on essaye de se faire entendre là où on ne devrait pas être écouté ? Les sons compressés en se faisant toujours plus forts, tendent à nous rendre sourds, sourds aux nuances, aux finesses acoustiques d’un orchestre ou d’un langage. Sourds au plaisir de découvrir l’Autre et les mystères de son silence.