Teaser FA PSYGÉAddiction au temps
Co-présidents : Rachel BOCHER, Nantes et Marc GROHENS, Corbeil Essonnes
Fear of missing out, un critère d’addiction à Internet ?
Alain DERVAUX, Amiens,
De la recherche du temps perdu à l’espace-temps quantique en pédopsychiatrie
Catherine LACOUR-GONAY, Champs-sur-Marne,
Le tri aux urgences psychiatriques, contingence ou nécessité ?
Gérald DESCHIETERE, Woluwe-Saint-Lambert Bruxelles, Belgique

Pas le temps pour écrire, pour écouter, pour attendre. Pas le temps de voir passer le temps que notre téléphone est déjà empli de sollicitations multiples aux bannières les plus excentriques. FaceBook, WhatsAPP, Instagram, mails, sms, tweets… Chaque seconde est ponctuée par un de ces nouveaux amis qui s’installent insidieusement dans notre vie. Le téléphone a remplacé ami, amour et amant, il nous accompagne partout et partage notre quotidien le plus intime. Sous la douche, sous les draps, il sait tout de nous. Nous lui confessons nos peurs, nos questions, nos joie, nos peines.

Mais le jour où tout s’arrête ? The Fear Of Missing Out

Impression d’être dépassé, sentiment d’isolement, de perte de contrôle, besoin de cliquer, encore et encore, d’être certain que nous ne sommes pas passés à côté de la vie numérique qui se joue derrière nous.

Vient l’attente et le changement de l’espace-temps. Une minute devient une heure, nous devenons pressés, pressants. Un autre téléphone s’allume et reçoit notre désespoir. Un autre téléphone s’allume et une nouvelle addiction nait, encore et encore.

Éduqués au numérique et par le numérique, les jeunes enfants sont habitués de plus en plus tôt à utiliser des tablettes et smartphones et intègrent dès leur plus jeune âge les nouvelles techniques d’information et de communication. Elevés aux objets connectés et bercés aux réseaux sociaux, pour ces nouvelles générations les émoticônes remplacent leur cœur qui bat, leur visage rougissant de timidité, leurs larmes, leurs gestes tendres. L’humain 3.0 n’a plus besoin de doigts pour caresser, plus besoin de voix pour parler, ou même de visage pour exprimer.

Demain tous apraxiques, amimiques et mutiques ?

Et intolérants à la frustration… Car, cachées bien à l’abri derrière un écran de fumée, les émotions s’intensifient et sont de plus en plus difficilement régulées. Les écrans rendent la pensée futile. L’ennui est remplacé par les jeux sur tablettes. La peur se détruit au sein des jeux-vidéos dans lesquels les adolescents n’ont plus besoin de faire du sport pour devenir un super héros athlétique. L’amour se transcende et s’enflamme à la nouvelle photo Instagram puis part en fumée au changement de statut de célibat sur Face BooK.

L’espace de communication et d’échange est infini mais le perceptible demeure limité à la sensation des doigts sur le clavier et le temps s’accélère au rythme des messages reçus. Dans ce temps coincé sur avance rapide, l’urgence prend également une toute autre unité de temps.

Comment réagir en urgence face à l’urgence ? Quel cadre donner à cette nouvelle temporalité ?

Faut-il trier ?

Trier comme nous trions les spams dans nos courriels ? Trier comme nous trions notre liste d’amis Linkedin ? Trier de manière rationnelle et validée ce qui est urgent de ce qui l’est moins, c’est ce que de nouveaux dispositifs tentent de mettre en place au sein des urgences psychiatriques. Pondération de l’ensemble des informations recueillies auprès de l’usager et celles d’instruments cliniques validés, ces outils peuvent représenter une solution décisionnaire face à l’urgence. Mais cette tentative de maitrise du temps est-elle à risque de mettre à mal notre libre arbitre et en danger le sens relationnel ?

Ce symposium, à travers trois communications orientées vers le temps que l’on rate, le temps que l’on perd et le temps qui nous presse, présentera l’homme bionique tel qu’il existe déjà et comment ses transformations nous entraine toujours plus loin dans nos questionnements au cœur du soin.