Quelle chimère est-ce donc que l’homme ?
Quelle nouveauté, quel monstre, quel chaos,
quel sujet de contradiction, quel prodige !
Juge de toutes choses, imbécile ver de terre ;
Dépositaire du vrai, cloaque d’incertitude et
d’erreur ; gloire et rebut de l’univers. Qui
démêlera cet embrouillement ?

Pascal


Crédit Photo : Margot Morgiève

En écho à Aragon, « L’avenir à chaque instant presse Le présent d’être un souvenir », E. Klein (CI) désossera le « moteur du temps ». Cambier (P073) dissèquera 473 certificats de décès d’une cohorte de patients souffrant de maladies mentales pour découvrir un âge prématuré et une fréquence plus élevée de mortalité.
Comment penser une réponse collective aux problèmes de santé mentale ?
En allant aux conseils locaux de santé mentale qui apparaissent comme des lieux exemplaires de démocratie sanitaire (P078). Ou en assistant à la genèse du projet conjoint de l’OMS et de la Commission Européenne sur l’empowerment des usagers et aidants en santé mentale (P075). Ou en essayant de comprendre comment la nouvelle méthodologie de révision de la CIM par l’OMS peut impliquer les usagers et les aidants afin que « leurs rôles ne soient pas annexes mais essentiels »…(P083). Les psychiatres sont-ils de vrais médecins ? Sont-ils fous ? Paresseux ? Réponses dans l’enquête transversale descriptive de l’AFFEP. En tous cas, les internes sont (presque) tous heureux de devenir psychiatres (95 %) ! (P092).
Un smartphone pour une smart-thérapie ? L’extraordinaire expansion de sites Internet de psychoéducation, applications smartphones, modules d’aide cognitivo-comportementale pour les troubles anxieux, forums et réseaux sociaux offre une nouvelle palette de possibilités pour les patients. A. Dervaux souligne cependant les limites qualitatives de ces programmes et les changements de la relation médecin-malade induits par la banalisation de l’évaluation des médecins par les patients (FA12C). Comment les jeunes envisagent-ils la psychiatre en 2084 ? Ils proposent plusieurs scénarios : La thérapie génique anténatale fera disparaître la psychiatrie adulte par sa capacité à traiter toutes les pathologies à un stade infraclinique (S20), le paradigme de soin sera éducatif, pédagogique et rééducatif (S20A), la discipline sera intégrée à la Médecine Chirurgie Obstétrique (S20B), la pénurie d’étudiants en médecine craignant de se voir ruiner par des assurances exorbitantes ou d’être incarcérés pour faute professionnelle engendrera une loi d’amnistie généralisée garantissant une immunité totale aux psychiatres (S20C).
Doit-on créer un nouveau tableau de pathologies ? Pour P. Lascar, il faut remédier à l’absence d’inscription de pathologies psychiques dans un tableau de maladies professionnelles. Il s’appuie sur le notion de « risques psychosociaux » (RPS) en tant que terminologie objective, juridique et non compassionnelle (S6). C. Jeoffrion propose un modèle de diagnostic « psycho-socio-organisationnel » issu d’une méthodologie participative dans le processus de prévention des RPS (S6C). Comment intersubjectivité, déontologie, éthique et normativité se combinent-elles avec les enjeux de la psychiatrie post-moderne (évolution législative, notion de handicap psychique…) ? (R14). La question du genre est au cœur d’une polémique qui agite les communautés de scientifiques, sociologues, psychiatres, les « élites » intellectuelles et le grand public. Quel avenir pour le « genre » entre avancées sociétales et peurs régressives de la société ? (S32). L’homosexualité a été supprimée du DSM-II en 1973, elle reste pourtant une obsession thérapeutique chez certains psychothérapeutes (S32A).
Existe-il des facteurs de vulnérabilité psychologique chez les victimes de violence ? G. Airagnes mène une étude descriptive et transversale afin de rechercher des profils de personnalités victimogènes (R11). La pratique des psychiatres est-elle modifiée par une préoccupation médico-légale accrue ? D’après une enquête de l’AFFEP, plus d’un tiers des internes craignent une condamnation judiciaire dans l’exercice de leur futur métier. Leur seconde appréhension concerne la submersion par la « paperasse » administrative (S22). L’évaluation des risques juridiques est impliquée dans le processus de décision du choix de leur spécialité pour 89% des internes (S22A). Quels sens peuvent avoir le « rappel à la loi » et le « besoin de sanction » pour le psychiatre ? Son expertise est-elle stigmatisante ou inscrite dans une démarche de soin ? (R3). Le principe du consentement aux soins est un principe fondamental du droit de santé, « plus qu’un simple toilettage législatif, ce nouvel ensemble normatif modifie les relations entre le malade, la police administrative, le service public hospitalier et la justice » (S17B). Un médecin, un juriste et un philosophe se retrouvent. Ils se demandent : Jusqu’à quel point peut-on ou doit-on éclairer le consentement aux soins ? (S17). Le consentement est-il devenu un quitus affranchissant le soignant de son devoir d’attention au malade ? (S17A).
Le suicide est-il vraiment un fait social ? Au 21ème siècle, des éléments majeurs semblent appuyer la thèse de Durkheim et souligner une relation possible entre crise économique, stress psychosocial, conflits interpersonnels, douleurs sociale et psychologique et suicide (S12B). P. Legrand propose un cadre épidémiologique et sémiologique à la clinique suicidaire africaine contemporaine (FA25) dans un contexte de mutations sociales rapides qui sont les périodes les plus à risque d’augmentation de la pathologie suicidaire (FA25A).
Le « suicide à l’africaine » est-il obsolète ? J.-C. Bernard s’intéresse aux histoires traditionnelles et aux légendes, pour affirmer que « les sociétés traditionnelles ne possèdent probablement pas plus d’amulette de protection contre le suicide que les sociétés occidentales. Le tabou est, lui, certainement plus fort. » (FA25B).