Le Temps est l’une des dimensions essentielles de nos prises en charge en psychiatrie : il faut savoir prendre son temps (malgré sa propre impatience et celle du dit patient) pour ancrer une amélioration solide et durable de l’état de nos malades. Qu’il s’agisse de thérapeutiques innovantes ou de thérapeutiques plus anciennes toujours en usage et en questionnement, l’évaluation des bénéfices thérapeutiques et des risques éventuels se fait sur le long terme.

Dix ans de CFP, c’est déjà un temps long, et un bilan… largement positif !

Dans cette édition 2018, placée donc sous le signe du Temps, les communications qui nous sont offertes dans le champ de la thérapeutique apparaissent encore une fois dans une double perspective : les propositions thérapeutiques nouvelles, apparues récemment, au fil du temps ; et les questions thérapeutiques anciennes, qui traversent le temps de nos exercices de psychiatres avec une acuité constante.

Dans le domaine des nouvelles thérapeutiques, les traitements biologiques ou chimiothérapiques n’ont plus la vedette – confirmant une tendance lourde de ces dernières années. Les techniques de stimulation cérébrale conservent toutefois une place notable, comme le soulignera cette session consacrée aux tDCS, techniques de neuromodulation par courants directs de faible intensité, à l’intérêt net dans plusieurs pathologies psychiatriques : dépressions, schizophrénies, hallucinations, trouble obsessionnel compulsif (S34).

La recherche de compléments

A ces traitements psychotropes naguère objets de tous les espoirs, succèdent des approches complémentaires de mieux en mieux reconnues, comme le montrera par exemple le débat D13, consacré aux dépressions, et qui se penchera sur l’intérêt dans cette pathologie de l’exercice physique, des compléments alimentaires, des anti-inflammatoires, ou encore de la méditation de pleine conscience ou des thérapies d’acceptation et d’engagement (thérapies ACT).

Dans la session S19, ce sont les thérapies basées sur la mentalisation (TBM) qui seront détaillées, et l’intérêt de cette nouvelle approche sera souligné, en particulier dans la prise en charge des troubles de personnalité borderline, ou dans le trouble hyperactivité avec déficit de l’attention. Le principal objectif de ces TBM est de permettre au patient de conserver des capacités de mentalisation optimales, dans les contextes à forte charge émotionnelle favorisés par leurs troubles.

Une session (S33) fera le point sur la place que peuvent prendre, dans le trouble bipolaire, des approches novatrices comme des applications dédiées sur smartphone, le développement de la décision médicale partagée, ou encore des stratégies de remédiation cognitive, approches qui semblent toutes être susceptibles d’améliorer significativement le devenir des patients bipolaires.

Les « vieilles thérapeutiques du futur »

Au fil du temps, les psychiatres réinterrogent également de façon récurrente certaines pratiques thérapeutiques plus anciennes. Ainsi, l’hypnose est-elle toujours en débat (D03) : si son intérêt ne fait guère de doute pour soulager divers symptômes psychiques, sa place reste à définir précisément dans le champ de notre spécialité, et le consensus n’est pas établi quant aux entités nosologiques ou aux groupements syndromiques qui en seraient les meilleurs bénéficiaires ; un éclairage nouveau sera peut-être apporté par la confiance croissante qu’accordent à cette technique de soins nos confrères somaticiens.

La “vieille thérapeutique du futur”, ainsi qu’Henri Lôo définissait l’électroconvulsivothérapie, fait toujours parler d’elle : un débat (D06) cherchera à trancher les indications entre ECT et rTMS (stimulation magnétique transcrânienne) dans la dépression résistante.

Comme dans l’ensemble du champ de la médecine, la iatrogénie reste une préoccupation importante pour les psychiatres, aiguillonnés en cela par les associations de patients, particulièrement vigilantes dans ce domaine ; une session de l’Association des Pharmaciens et Psychiatres Hospitaliers se centrera sur cette question (FA09).

L’observance sous contrôle

La Fondation FondaMental proposera, quant à elle, une session consacrée à une autre question essentielle de nos pratiques psychiatriques : celle de l’observance thérapeutique, et de l’importance de son évaluation en pratique clinique (FA10). Identifier précisément les déterminants de l’observance permet d’améliorer le profil évolutif et le pronostic de la maladie. Une évaluation de l’observance en clusters, par une meilleure appréhension de ces facteurs, peut permettre de proposer des stratégies innovantes, voire individualisées.

Autre difficulté enfin à laquelle sont confrontés les psychiatres depuis des décennies : celle du trouble de l’usage des benzodiazépines ; une session fera le point sur l’état des lieux de cette question en 2018 (S12). En effet, les travaux récents montrent un taux de rechute important 6 mois après sevrage médicalement accompagné, incitant à centrer la prévention de la dépendance aux benzodiazépines sur la primo-prescription plutôt que sur l’aide au sevrage.