CFP 2019
Le Cannabis thérapeutique : il ne devra pas faire PSHIT !
Président : Amine BENYAMINA – Villejuif
En France, deux dérivés du cannabis sont disponibles en thérapeutique, mais peu ou pas utilisés : le sativex (delta-9-tétrahydrocannabinol et cannabidiol) sous forme de spray buccal qui a obtenu une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) en 2014 dans la spasticité liée à la sclérose en plaques, mais n’est pas commercialisé, faute d’accord sur le prix. Le marinol (dronabinol), accessible depuis 2003 sur prescription hospitalière dans le cadre d’une Autorisation Temporaire d’Utilisation (ATU) dans les douleurs neuropathiques après échec thérapeutique, dans les nausées et vomissements lors des chimiothérapies anticancéreuses, et dans l’anorexie chez le patient VIH, est peu utilisé.
L’expérimentation du cannabis thérapeutique en France
- Douleurs neuropathiques réfractaires
- Certaines épilepsies sévères et pharmacorésistantes
- Soins de support en oncologie
- Spasticité douloureuse de la sclérose en plaques
- Situations palliatives
Les conditions de l’expérimentation de l’ANSM
- Exclusion de la voie d’administration « fumée »,
- Cannabis thérapeutique diffusé sous forme de fleurs séchées de cannabis et d’extraits à spectre complet, de formes à effet immédiat (sublinguales et inhalées à base d’huile et de fleurs séchées pour vaporisation) et des formes à effet prolongé (formes orales de type solution buvable ou capsules d’huile),
- 5 ratios tétrahydrocannabinol (THC)/cannabidiol (CBD) disponibles : THC/CBD 1/1, 1/20, 1/50, 5/20 et 20/1,
- Adaptation posologique par titration par le médecin jusqu’à obtention de la dose minimale efficace et/ou d’effets indésirables tolérables par le patient,
- Initiation du traitement réservée aux médecins formés, par e-learning, exerçant dans des centres de référence prenant en charge les 5 indications retenues par le CSST. Les médecins de ville pourront prendre le relais lorsque le patient est stabilisé.
- Suivi des patients, avec registre national pour évaluer régulièrement le bénéfice/risque et les effets indésirables par les réseaux de pharmacovigilance et d’addictovigilance,
- Dispensation en pharmacie « à usage intérieur » et en officines, seulement si le prescripteur a été formé et le registre de suivi rempli,
- Evaluation menée par un comité scientifique pluridisciplinaire comprenant des représentants des patients.
Les limites et controverses
Un symposium sur le cannabis thérapeutique au CFP de Nice
L’expérimentation du cannabis thérapeutique par l’ANSM paraît justifiée, pour des indications bien argumentées, bien encadrées et non idéologiques. Au CFP de Nice, le symposium sur le cannabis thérapeutique, avec des experts du CSST, dont son président, précisera sa place dans le traitement des troubles neurologiques, des pathologies mentales, des addictions et de la douleur. Ce symposium devrait répondre à la nécessité d’avoir l’approche la plus scientifique possible et de bien distinguer les différents dérivés du cannabis susceptibles être utilisés en thérapeutique (en effet : THC ≠ CBD ≠ cannabinoïdes ≠ cannabis), notamment pour éviter les confusions ou amalgames.