D11 – Biologie, Psychopathologie, Recherche – Existe-t-il un cerveau de la soif ?
Longtemps les buveurs d’absinthe, de Baudelaire à Verlaine, furent considérés comme des génies. Des génies qui auraient trouvé l’inspiration au fond de leur âme mais aussi… de la bouteille. Ce cerveau de la soif, génie du 19ème siècle, trinquerait-il de nos excès aujourd’hui ?« Sa voix étant de la musique fine… Au plein pouvoir de la petite Fée, Que depuis lors je supplie en tremblant. »
« Je ne sais pas quel nom la médecine nous donne.»
C’est que qu’écrivait Marguerite Duras en parlant de son alcoolisme dans « La Vie Matérielle ». Elle spécifiait : « Il ne faut pas avoir une goutte d’alcool chez soi. Je fais partie de ces alcooliques qui recommencent à boire à partir d’un seul verre de vin. » Si on parle des auteurs alcooliques, on parle beaucoup moins des auteures, considérées comme moins nombreuses mais aussi leur addiction étant beaucoup plus sujette au scandale que leurs pairs masculins. Et pourtant les adolescentes ne sont pas moins à risque que les adolescents puisqu’il a été démontré que leurs modifications cérébrales au cours de cette période augmenteraient les risques d’intoxications alcooliques.
« Aimer est le plus grand point, qu’importe la maîtresse ? Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ? »
Le débat entre le corps et le cœur n’a jamais été aussi animé depuis les nouvelles découvertes neuroscientifiques sur l’importance de la neurotoxicité de l’alcool à l’adolescence et ouvrent de nouvelles questions. Devrait-on contrôler davantage l’accès à la fée verte chez les mineurs ? Est-il possible d’identifier les futurs Verlaine ou Dumas pour prévenir leurs risques dans tomber dans l’excès de verres ? Marie-Laure Paillère-Martinot et Gabriel Robert ouvrent le débat.
Auriane Gros, Nice