DPC2 – S17 – Juste un instant d’empathie : mettez-vous à ma place docteur !
Président : Georges BROUSSE – Clermont-Ferrand ;
Comprendre l’empathie
Bérangère THIRIOUX – Poitiers ;
L’empathie en pratique clinique addictologique
Olivier COTTENCIN – Lille ;
Peut-on enseigner l’empathie aux soignants ?
François BIRAULT – Poitiers

L’empathie est la capacité de ressentir et de comprendre l’expérience vécue d’autrui en se mettant à sa place mais tout en maintenant la distinction entre nous et lui. Facile à dire ? C’est sympathique… Non justement, ça ne l’est pas. L’empathie demande un équilibre fragile et complexe et se fait dans un rapport dynamique possible par un phénomène de décentrement dans l’espace et le temps. Nous ne sommes pas dans la sympathie car nous sommes avec et non dans autrui.

Essayez de comprendre…

L’empathie est un juste équilibre entre le « moi » et le « lui » avec une co-activation de réseaux typiques de la première et la troisième personne selon un séquençage temporel spécifique. JE simule ce que JE vois chez l’Autre puis JE s’inhibe pour laisser la place au IL et ne pas se confondre avec lui. C’est un JE dynamique, qui ne se perd pas sous l’île d’un autre, qui garde ses shoes sur son bout de terre mais prend le temps de mettre un pas sur un ailleurs.

Dans ce JE il n’y a pas de perdant, soignant comme patient. Bérangère Thirioux finit cet exposé aux lumières neuroscientifiques en montrant que, que ce soit par l’amélioration de la qualité de vie et du bien-être du soignant ou la narration de davantage de détails et la meilleure observance du traitement et compréhension des indications médicales par le patient, l’empathie rend tout le monde gagnant.

Vous ne pouvez pas comprendre…

Blinde-toi ! Combien de fois avons-nous entendu cette phrase dans notre enfance ? Tais-toi ! Ne montre pas tes sentiments, c’est une marque de faiblesse ! Se blinder, se blinder face à la souffrance. Mais un blindé est plus lourd, moins souple. Si on est blindé ne coule-t-on pas plus vite ?

Et se blinder en médecine, ça se traduit comment ? Comme l’histoire de la brute, de l’externe et du patient que nous conte le Pr Olivier Cottencin. Comme l’histoire de soignants détachés de la douleur de l’autre, aux questions ni sympathiques, ni empathiques.

Et pourtant, dans cet exposé rythmé, l’orateur nous rappelle que l’empathie…c’est bien !

Mais comprendre ça s’apprend…

Reconnaitre, accepter, augmenter, utiliser. Quatre mots clefs au cœur de l’empathie et qui doivent se retrouver en tous lieux et tous les instants, du début à la fin. Car, comme le dit l’orateur en citant Coco Chanel, « vous n’aurez pas deux fois l’occasion de faire une bonne première impression ».

Vous cherchez un maître de l’empathie ? Trouvez un vendeur, il est expert de l’émo-rationalité.

Et, à une époque où la prévalence de l’épuisement professionnel est de 50%, est-ce que l’empathie serait la clef de prévention de ce dernier ? Mais peut-on enseigner l’empathie aux soignants? C’est la question que pose vêtu d’un gilet jaune François Birault. Ce gilet jaune, au cœur de l’actualité, est là pour nous montrer que l’empathie c’est aussi être vêtu de bandes réfléchissantes face au patient. Par le biais de méthodes pédagogiques diverses telle que l’utilisation d’œuvres d’art pour amorcer la décentration, l’orateur explique comment l’enseignement de l’empathie peut prévenir l’épuisement professionnel.

Ce symposium dynamique et illustré nous a montré que trouver sa place entre JE et IL ça s’apprend, et que c’est bien… pour JE et IL…