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Forum des Associations du congrès 2014 :
FA11B : place des applications médicales pour smartphone dans la psychiatrie de demain
Président : Cécile HANON
Conférencier : Jean-Marie SENGELEN – Colmar

Kraepelin est le fondateur de la psychiatrie scientifique moderne, basée sur une approche descriptive et catégorielle de critères cliniques objectifs et le suivi de paramètres qu’il recueille sous forme de graphiques (courbes de poids, sommeil…). Dans les années 90, la nécessité d’une systématisation de cette méthodologie descriptive aboutit à la création de nouveaux outils tels que le NIMH-LCM, qui a l’inconvénient d’être très fastidieux (le guide des consignes fait 26 pages !). La e-santé peut-elle permettre de développer des outils d’évaluation idéaux : simples, utiles, transparents, pertinents, valides et reproductibles ?

Il semble que la e-santé peut permettre d’améliorer et de personnaliser le suivi des patients, de collecter un volume massif de données, d’augmenter l’autonomie du patient et de se positionner en rupture avec le rapport sachant/ ignorant caractérisant le paradigme médical historiquement dominant. Mais comment ? Les psychiatres et les utilisateurs sont-ils prêts ?

La e-santé prend place dans une frise technologique. 1876 : invention du téléphone, 1905 : 1ère transmission d’ECG par télégraphe, 1959 : 1ère consultation en psychiatrie via un réseau vidéo spécialisé, 2000 : lancement de Doctissimo, 2008 : lancement de Runkeeper, 2014 : explosion des ventes de bracelets connectés et lancement de Wellfundr, 1ère plateforme de crowdsourcing en santé.

Elle se déploie actuellement dans différents champs : télémédecine, data management, mHeatlh, plateforme web, e-prescription, agenda en ligne, outils d’aide à la décision et serious game.

Les utilisateurs semblent prêts à s’emparer de ces nouvelles technologies. 8,2 millions de personnes échangent des informations sur Doctissimo, 62 % des français se disent prêts à utiliser des capteurs personnels et des objets connectés pour prévenir les risques de santé et les prévisions de croissance pour le secteur de la e-santé sont de 4 à 7 % d’ici 2017.

Quels usages les psychiatres peuvent-ils faire de ces technologies ? Jean-Marie Sengelen rapporte les résultats d’une enquête menée auprès des membres de l’AFFEP afin d’étudier leurs attitudes quant à une application smartphone à usage professionnel. La majorité des internes interrogés (94 %) ne sont pas opposés à une telle application. Les fonctionnalités les plus demandées sont des informations et des actualités médicales (92 %), un agenda professionnel (76 %) et le fait de pouvoir consulter des données du dossier médical (36 %). Les données médicales auxquelles les internes souhaiteraient avoir accès sont des ordonnances (69 %) et bilans biologiques (57 %). Le type de données qu’ils se disent susceptibles de renseigner sont des échelles d’évaluation (55 %) et des observations (41 %).

La e-santé ne doit pas être cantonnée à un concept de consultation de télémédecine, Jean-Marie Sengelen pointe l’urgence pour les professionnels de la santé à être parmi ceux qui pensent la e-santé. Les enjeux majeurs concernent la sécurité des données, l’organisation du système de soin et le fait de conserver un rôle dans un domaine dont on ne maîtrise pas (encore) les limites.