La démocratie sanitaire gagne du terrain en santé mentale

Pour le volet société du CFP 2015, deux thématiques principales se dessinent clairement. La première concerne le difficile équilibre à trouver pour limiter les risques de passage à l’acte des personnes souffrant de troubles psychiques aigus tout en respectant au maximum leur liberté individuelle. La deuxième préoccupation, corollaire de la première, a trait au déploiement de la démocratie sanitaire dans le champ de la santé mentale. Les sessions déclinent les nouvelles modalités de prises en charge basées sur le rétablissement et l’empowerment.

Points forts :

  • 30% ! C’est la prévalence de la dépression chez les internes en psychiatrie, ce chiffre est le même que dans les années 1960. Les motivations présidant au choix de la filière psychiatrique, l’apprentissage et l’expérience professionnelles peuvent-ils  éclairer ce taux ? Quelle prise en charge (S29) ?
  • Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la santé connectée, les nouvelles méthodes de transmission des connaissances ou sur les changement qu’opérera l’ère numérique sur les dispositifs de soin (FA5)
Psychiatrie et respect des libertés

Parmi les enjeux actuels, la question de la liberté individuelle des personnes souffrant de trouble psychique est devenue centrale. Face à un patient en état aigu, les pratiques hospitalières sont très variables d’un service à un autre que ce soit l’utilisation d’un secteur fermé versus une unité ouverte (D8), ou bien, le recours ou pas à la contention et à l’isolement (D4). Pratiques courantes dans certains services, elles sont inexistantes dans d’autres. Comment expliquer cette variabilité pour des pratiques exorbitantes du droit commun?  Le plan de l’OMS 2013/2020 souhaite une mettre en place une réflexion collective sur les alternatives possibles à ce type méthodes. Aborder la question sous l’angle de la dangerosité des schizophrènes (D9) est une piste de travail car, savoir repérer les facteurs favorisant de passage à l’acte, identifier d’éventuels sous-groupes diagnostics à risque sont des démarches qui permettent de cibler les mesures coercitives à un faible nombre de personnes et de situations. La question de la liberté individuelle ne peut faire l’impasse sur la psychiatrie en milieu pénitentiaire dont les conditions d’exercice médical restent déplorables avec l’attaque de droits fondamentaux comme le secret médical. Le débat portera également sur la difficulté d’une articulation des soins entre la prison et le milieu ouverts (D1). La pénalisation de la folie sera aussi abordée (R2).

Une relation médecin-patient qui se réforme progressivement

Les Conseils Locaux de Santé Mentale se multiplient et déploient un espace de concertation et de décloisonnement entre les partenaires de la santé mentale. Ils offrent une tribune que les usagers et les professionnels comptent bien utiliser pour la mise en place de plans d’action concrets au niveau local et lutter contre la discrimination (FA21B). Restaurer le malade dans une posture active de gestion de sa maladie, de reprise de contrôle sur sa vie, valoriser ses compétences, promouvoir jusque dans le soin sa capacité de choisir en l’aidant à clarifier les valeurs et ses préférences tels sont les objectifs d’une médecine fondée sur le rétablissement et l’empowerment. La CCOMS et Reha@b ont formulé 21 recommandations pour une réhabilitation fondée sur ces valeurs (FA21). La mise en application de notions telles que la décision médicale partagée qui associe les patients aux choix thérapeutiques complexes lourds de conséquences et d’enjeux (S20), ou les directives anticipées qui concernent la conduite à tenir en cas de rechute (S20) sont de nouvelles formes de relation médecin-patient qui commencent à être discutées même si pour le moment elles  sont encore peu revendiquées dans notre pays.