Innover est plus que jamais nécessaire dans la prise en charge des troubles psychiques – même en l’absence de révolution pharmacothérapique. Parfois, c’est la société qui nous dicte nos domaines de recherches prioritaires ; souvent, c’est « l’imagination au pouvoir » qui nous pousse à explorer des champs inconnus.

Point fort 1
L’actualité a fortement interpellé la communauté psychiatrique – reflétant les questionnements ou les craintes des communautés nationales française, belge, suisse – sur la compréhension des phénomènes conduisant au terrorisme, et à la prise en charge « préventive » des auteurs et post-traumatique des victimes.

Point fort 2
Le CFP 2016 le montre à nouveau : l’innovation dans le champ des thérapeutiques psychiatriques réside surtout dans les approches non médicamenteuses, mettant par exemple en jeu les cognitions sociales, la psychologie positive, ou encore les techniques de réalité virtuelle.
Les thèmes qui intéressent les psychiatres à un moment donné ne sont pas indépendants de ceux qui traversent la société dans son ensemble. Lors de ce CFP 2016, la session de l’AFORCUMP-SFP (Association de FOrmation et de Recherche des Cellules d’Urgence Médico-Psychologique – Société Française de Psychotraumatologie), dans le Forum des Associations, sera ainsi consacré cette année (FA29) aux enseignements qu’on peut tirer de la gestion des récents attentats, en termes de données épidémiologiques, d’organisation des dispositifs mis en place et en particulier des procédures de tri, ou de l’élaboration de la réflexion puis de l’organisation du Plan Blanc en psychiatrie, – qui s’intègre désormais dans l’organisation globale de la réponse du système de santé en situations sanitaires exceptionnelles.
C’est une Rencontre avec l’Expert (R10) qui permettra de faire le point sur l’approche par l’institution militaire, bien souvent en première ligne, de la prise en charge des états de stress post-traumatique, en présentant les actions successives à développer, depuis le repérage et la prise en charge initiale puis secondaire, jusqu’aux thérapeutiques de réhabilitation ; des données chiffrées, particulièrement étoffées dans les travaux de recherche menés dans le cadre des Hôpitaux d’Instruction des Armées, permettront de préciser la place des traitements pharmacologiques, des psychothérapies, des comorbidités, des conséquences sociales, ou encore de l’accompagnement des blessés dans les procédures d’indemnisation et de réparation.
Cette thématique des attentats et du traumatisme a également attiré l’attention générale sur la question de la santé des médecins et des soins à apporter aux soignants, lesquels feront l’objet d’une autre Rencontre avec l’Expert (R17).

Le CFP 2016 permettra d’affiner nos connaissances sur des modalités de soins récentes.
Les thérapies interpersonnelles (FA11), déjà bien présentes lors des précédents CFP, seront développées, en particulier les thérapies interpersonnelles brèves et les liens avec les thérapies d’aménagement des rythmes sociaux.
La remédiation des cognitions sociales (S32) vient compléter les stratégies de remédiation cognitive, au fur et à mesure de la publication de travaux sur le rôle important des troubles déficitaires des cognitions sociales dans diverses pathologies psychiatriques (autisme, schizophrénie, addictions…).
L’usage de la psychologie positive dans les soins psychiatriques (S09) sera abordé au travers de la thématique du suicide : l’ « entraînement à la compétence de gratitude », avec tenue d’un « journal de gratitude » entraîne une réduction du risque suicidaire, les thérapies d’acceptation et d’engagement, comme aider le patient à créer une vie remplie et pleine de sens, apparaissent comme des composantes pertinentes d’un programme de psycho-éducation pour les conduites suicidaires.
L’utilisation de la réalité virtuelle et des nouvelles technologies d’environnement 3D sera abordée dans une Rencontre avec l’Expert (R19) : des résultats intéressants montrent à ce jour l’intérêt de l’utilisation de la réalité virtuelle pour prendre en charge les phobies (en particulier l’agoraphobie), le trouble anxiété généralisée, ou certaines formes d’addictions. Ce congrès permettra également d’approfondir une thématique très présente lors du précédent CFP : celle de la place ménagée au « patient co-thérapeute » dans les soins (CL01).

L’innovation, thème central qui court tout au long de ce 8ème Congrès Français de Psychiatrie, suppose également de porter une réflexion nouvelle sur des questions bien anciennes, comme les problématiques liées à la contention et à l’isolement (S38), à l’usage de l’électroconvulsivo-thérapie (S31), à la prise en charge des formes les plus sévères de schizophrénie, en particulier celles résistantes à la clozapine (S17), ou des formes les plus sévères de dépressions résistantes (R02), à la gestion des effets indésirables des psychotropes (S02), à l’utilisation optimale de l’effet placebo (R05), aux facteurs prédictifs de la réponse au traitement dans les troubles psychiques, qu’ils soient thymiques, schizophréniques ou post-traumatiques (FA17).
De même, la pertinence de l’utilisation des guidelines sera débattue, à propos de la publication de ceux proposés par l’AFPBN (Association Française de Psychiatrie Biologique et de Neuropharmacologie) dans le traitement curatif de la manie aiguë (D10), à propos de l’utilisation des antipsychotiques d’action prolongée dès le premier épisode (D01), ou encore à l’occasion de l’établissement par l’AFPBN et la Fondation FondaMental des recommandations formalisées d’experts dans les troubles dépressifs résistants (R02).