A l’origine étaient les questions de la stigmatisation et de l’attractivité
L’idée de cette recherche est venue du constat de représentations souvent négatives et stigmatisantes de la psychiatrie, ainsi que d’une donnée encore peu connue mais de plus en plus réelle, le problème d’attractivité et de recrutement (pour la 1ère fois en 2013, la totalité des postes d’internes en psychiatrie n’a pas été pourvue).
Sur le plan méthodologique, l’enquête a été menée entre mai et juillet 2013 auprès des internes inscrits aux DES de 6 spécialités (Pédiatrie, Neurologie, Médecine générale, Anesthésie-réanimation, Chirurgie orthopédique et Psychiatrie). Un auto-questionnaire anonyme a été diffusé par mails. Mille deux cent quatre vingt seize internes ont répondu, dont 760 internes en psychiatrie, soit un taux de réponse de 46,5 % pour la psychiatrie.
L’interne en psy (mal)vu par ses confrères
L’interne en psy est « bizarre » et « tire-au-flanc » selon respectivement 56 % et 37 % des internes interrogés toutes spécialités confondues. Malgré ces résultats, 83 % acquiescent à la phrase « l’interne en psy est comme moi »… Par ailleurs, 42 % des internes considèrent que l’interne en psychiatrie « n’est plus médecin », alors que 92 % des internes de psychiatrie se considèrent comme médecin avant tout. De même, 32 % des internes pensent que l’interne de psy « a raté l’ECN », ce qui est contredit par le fait que 92 % des internes de psy ont choisi cette spécialité.
Profil sociodémographique : plus à gauche, plus artistes, moins croyant, moins sportif…
Il n’existe aucune différence statistiquement significative en termes de sex ratio avec les autres spécialités, de même concernant le statut conjugal (70 % se déclarent en couple), le statut parental (11 % se déclarent parent) et l’orientation sexuelle (90 % se déclarent hétérosexuels). En revanche, les orientations politiques des internes en psychiatrie diffèrent statistiquement de celles des internes d’autres spécialités : 40 % déclarent être de gauche et 7 % d’extrême gauche contre respectivement 29 % et 2 % ; 18 % de droite contre 33 % dans les autres spécialités. De même, il existe une différence significative au niveau des croyances : les internes en psychiatrie sont moins croyant (32 %) que leurs confrères (45 %). Concernant les centres d’intérêts : les internes de psychiatrie s’avèrent être plus grands lecteurs, plus artistes, plus intéressés par les sorties culturelles, plus engagés politiquement mais moins sportifs que les autres internes.
Profil scolaire et professionnel : moins de mention TB au Bac mais une spécialité choisie davantage par envie
Près de 99 % des internes toutes spécialités confondues ont fait un Bac S et près de 90 % ont obtenu une mention au Bac. Les internes de psychiatrie ont eu moins de mention très bien et plus de mention assez bien. Concernant la réussite à l’ECN, l’enquête montre que les internes de psy ont davantage choisi leur spécialité (91 % versus 85 %) et on mis en avant le choix de leur spécialité avant celui de leur ville. Enfin, malgré les représentations parfois négatives de leurs confrères, l’enquête montre que 95 % des internes en psychiatrie se déclarent satisfaits sur le plan professionnel et trouvent de nombreux bénéfices à leur métier (enrichissement personnel permanent – 96 %, sentiment d’être utile – 91 %, avoir du temps pour soi – 75 %, etc.).
Alors, finalement, ça ressemble à quoi un interne en psy ?
Et bien tout dépend si on pose la question à un interne en psy ou bien à un interne d’une autre spécialité…
 
Aude van Effenterre
Paris