DPC9 – JPPA02 • Troubles de la personnalité chez le sujet âgé

Président : Frédéric LIMOSIN – Issy-les-Moulineaux

> JPPA02A – Evaluation des troubles de la personnalité chez le sujet âgé
Jean–Pierre SCHUSTER – Issy-les-Moulineaux

> JPPA02B – Déclin cognitif et personnalité

Armin VON GUNTEN – Prilly, Suisse

> JPPA02C – Psychotherapy. Features and challenges of personality disorders in late life
Bas VAN ALPHEN – Bruxelles, Belgique

Tatie Danielle aurait-elle du développer une maladie d’Alzheimer ou comment les traits de personnalité pourraient impacter nos capacités cognitives avec l’avancée en âge ?
Certes la fréquence des troubles de la personnalité chez le sujet âgé est probablement inférieure à 8 % de la population. Pourtant chacun d’entre nous connaît sûrement une Tatie Danielle au caractère exécrable dans son entourage ! Que devient la personnalité avec l’avancée en âge si en plus apparaissent des troubles cognitifs ? Celle-ci peut-elle influencer la survenue éventuelle de troubles cognitifs ?

Le modèle des « Big Five » constitue, en psychologie, un repère pour décrire les traits centraux de la personnalité humaine et identifie ainsi cinq types de personnalité caractéristiques : l’Ouverture (tendance à la curiosité, l’imagination, l’aventure, les idées peu communes), la Conscienciosité (tendance à l’autodiscipline, au respect des obligations, à l’organisation), l’Extraversion (tendance à rechercher la stimulation et la compagnie des autres), l’Agréabilité (tendance à être compatissant et coopératif plutôt que soupçonneux), le Névrosisme (tendance à éprouver facilement des émotions désagréables comme la colère, l’inquiétude ou la dépression). Des questionnaires comme le NEO-PI-R permettent d’évaluer ces cinq traits de personnalité.

Existe-t-il une personnalité spécifique des malades Alzheimer ?

La question a été étudiée, en utilisant le questionnaire NEO-PI-R, auprès de sujets présentant un trouble cognitif léger (Mild Cognitive Impairment), état clinique pouvant parfois être précurseur d’une évolution vers la maladie d’Alzheimer. Il a été globalement retrouvé des niveaux plus hauts de névrosisme (le contraire de la stabilité émotionnelle) chez les sujets MCI comparativement à des sujets témoins, mais des niveaux plus bas d’extraversion, d’ouverture, d’agréabilité et de conscienciosité (un peu comme chez Tatie Danielle…). Le niveau de névrosisme ayant tendance à augmenter avec le temps, contrairement à la conscienciosité et à l’extraversion, qui, elles, diminuaient. Une telle évolution n’était pas observée chez les sujets témoins.

Chez les sujets MCI, l’expression d’une plainte cognitive subjective (comme trouver que sa mémoire est moins bonne, par exemple) était moins importante pour les individus présentant de hauts scores d’agréabilité.

Les modifications de la personnalité et les symptômes psychologiques et comportementaux peuvent s’observer chez les sujets MCI et chez les individus présentant une maladie d’Alzheimer. L’existence de forts niveaux de névrosisme et d’ouverture était associée à une plus grande fréquence et sévérité de symptômes psychologiques et comportementaux, principalement pour la survenue de troubles affectifs et d’apathie. En revanche, de telles associations entre personnalité pré-morbide et survenue de troubles psycho-comportementaux n’ont pas été mises en évidence dans la maladie d’Alzheimer à un stade précoce.

Chez les Alzheimer, comme chez les MCI, il était retrouvé des scores plus importants de névrosisme et plus bas d’extraversion, d’ouverture et de conscienciosité, par rapport à des sujets témoins (pas d’effet pour l’agréabilité). Cet effet était également valable lorsque l’entourage familial était interrogé rétrospectivement, sur la personnalité du patient 5 ans auparavant. Donc, si votre belle-mère ressemble à Tatie Danielle, vous avez, à plusieurs titres, raison de vous inquiétez…

La question reste de savoir si une bonne psychothérapie aurait-elle pu changer Tatie Danielle (ou votre belle-mère) ? La réponse semble, au jour d’aujourd’hui, hélas plutôt limitée. Cependant, réjouissons-nous, certains travaux préliminaires tendent à montrer un effet bénéfique des thérapies courtes cognitivo-comportementales de groupe, centrées sur les schémas dysfonctionnels, chez la personne âgée avec trouble de la personnalité, pour favoriser le changement des « schémas maladaptés précoces » et des symptômes associés.